Au printemps dernier, Sonepar a noué un partenariat avec Proxinnov, acteur majeur de la robotique industrielle qui a vu le jour en Pays de la Loire. L’alliance de deux savoir-faire spécifiques pour accompagner les entreprises dans leur stratégie de robotisation. Jade Le Maître, directrice de Proxinnov et Aurélien Petiteau, directeur d'agences Sonepar pour le marché industriel pour la région dessinent les contours de ce partenariat.
Qu’est-ce qui fait l’originalité de Proxinnov ? Et pourquoi cette collaboration avec Sonepar ?
Jade Le Maître : Proxinnov, c’est à la fois un cluster (écosystème d’échanges) qui réunit 200 adhérents dans toute la France et un centre de ressources technologiques, capable d’accompagner les entreprises dans la modernisation de leurs modes de production.
La structure a vu le jour il y a onze ans, à l’initiative d'industriels régionaux qui avaient identifié un besoin de montée en compétences sur les technologies robotiques. Ils ont vite compris que la réponse passait par la création d’un centre de compétences appuyé sur un réseau : une solution efficace pour favoriser l’acculturation et l’adaptation graduelle du tissu industriel local.
Aujourd’hui nous accompagnons aussi bien des grands groupes que des PME-TPE, en lien avec des intégrateurs et des fournisseurs de solutions. Nous intervenons auprès des entreprises pour identifier les initiatives de robotisation qui leur feront gagner en productivité. Nous les aidons à monter les dossiers de financement. Nous délivrons des formations aux technologies, à la réglementation, aux enjeux de sécurité. En résumé nous faisons à la fois de l’évangélisation, de l'accélération de projets et du partage de bonnes pratiques.
Aurélien Petiteau : Nos deux démarches sont complémentaires : c’est ce qui a motivé ce rapprochement. Ces dernières années, Sonepar a développé une Direction marché Industrie en s’appuyant sur des experts des technologies et enjeux propres à ce secteur. Nous ne sommes pas seulement là pour vendre du matériel électrique, mais aussi pour construire des projets avec nos clients (constructeurs de machines, intégrateurs système et utilisateurs finaux). En Pays de la Loire comme ailleurs, nos équipes accompagnent les entreprises dans leurs enjeux de digitalisation, de robotisation, dans tout ce qui a trait à l’industrie 4.0. Ce partenariat nous donne l’occasion de diffuser notre savoir-faire auprès du réseau et d’agir au service des industriels locaux, en synergie avec Proxinnov.
Comment cette complémentarité se traduit-elle ?
Jade Le Maître : De manière très concrète, à l’échelle des projets. Quand une entreprise fait appel à nos services, nous déployons une méthodologie centrée sur la compréhension des besoins. Nos équipes se rendent en usine pour analyser le process de production et identifier les solutions robotiques qui permettraient de répondre à tel ou tel enjeu de fabrication. Reste ensuite à déterminer les technologies adéquates et la meilleure façon de les déployer. C’est là que la transition avec un distributeur comme Sonepar se fait naturellement.
Aurélien Petiteau : Une fois sollicités par Proxinnov, nous sommes à même d’accompagner une entreprise de A à Z pour tout ce qui concerne l’équipement : identification du matériel dans notre catalogue, relation avec les constructeurs, installation et prise en main des machines… J’ajoute que le partage se fait dans les deux sens. Dès que nos équipes font face à des interlocuteurs dont le besoin doit être mûri, elles n’hésitent pas à les orienter vers Proxinnov.
Comment jugez-vous le niveau de maturité de vos interlocuteurs sur les enjeux de robotisation ?
Jade Le Maître : Très varié ! Les Pays de la Loire sont une région riche en entreprises industrielles, dans le domaine du bois, du métal, de l’agro-alimentaire, de la construction navale… Nous avons affaire aussi bien à des manufacturiers qui travaillent sur de la grande série qu’à de l’artisanat industriel, avec des pièces uniques. Pour moi qui suis dans la robotique depuis des années, c’est un magnifique terrain de jeu. Un terrain parfois complexe car aucune usine ne ressemble à une autre.
Cette diversité montre aussi une chose : toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, ont des opportunités de robotisation. Un bon moyen de se distinguer sur leur segment de marché, en termes de qualité et de productivité. Les success stories locales l’ont démontré : les technologies robotiques peuvent faire la différence.
Aurélien Petiteau : Chez Sonepar aussi, on constate des niveaux d’acculturation variés à ces sujets. C’est parfois un challenge d’introduire des robots ou de la data dans des usines qui, pour certaines, n’ont pas évolué depuis des décennies. Mais plusieurs facteurs poussent en faveur d’une accélération. La période Covid a eu un impact, avec la flambée des matières premières et des prix de l’énergie. Tout le monde cherche à rester compétitif. L’innovation technologique offre une partie de la réponse. J’insiste sur le facteur énergétique, qui rentre de plus en plus dans l’équation. Les clients sont demandeurs de matériel qui leur fera réaliser des économies tout en améliorant leur bilan carbone.
Jade Le Maître : Les constructeurs doivent s’adapter à ce paramètre. On le voit par exemple du côté des transstockeurs, ces robots utilisés dans les espaces de stockage, qui engendrent parfois des dépenses d’énergie considérables pour déplacer un simple colis. Les fabricants ont pris conscience de ce problème pour développer des systèmes bien moins énergivores.
Pour en revenir au niveau de maturité, il y a un autre facteur qui rentre en compte : celui des compétences. Dans de nombreuses entreprises, une main d’oeuvre qualifiée s’apprête à partir à la retraite. Les acteurs locaux ont des difficultés à la remplacer, du fait de la pénurie de talents. La modernisation de l’outil industriel offre une alternative à ce déficit de main d’oeuvre.
Parmi les initiatives phares de Proxinnov, il y a l’animation d’une usine pilote à la Roche-sur-Yon.
Jade Le Maître : Mille mètres carrés de halle technologique avec une quinzaine de cellules robotisées. Autant d’exemples de ce qu’il est possible de faire en matière de soudage, de palettisation, d'assemblage, de métrologie, de démantèlement de batteries… L’usine nous sert à la fois de démonstrateur pour les industriels, de supports à nos formations et de showroom pour les membres du réseau qui mettent en avant leurs technologies.
Aurélien Petiteau : L’usine pilote est l’écrin parfait pour organiser des événements, des sessions de démo en partenariat avec les constructeurs distribués par notre réseau. On peut aussi imaginer un déploiement de produits Factory, filiale de Sonepar spécialisée dans la supervision industrielle qui commercialise du hardware et des solutions logicielles pour analyser et traiter les données collectées dans les usines à des fins d’optimisation.
Jade Le Maître : Proxinnov a entrepris de s’étendre, avec une nouvelle implantation en Normandie et une usine pilote en instance d’ouverture au Havre. On peut tout à fait imaginer interconnecter nos deux sites via Factory, pour que les industriels multi-sites voient ce qu’il est possible de faire avec ce genre de technologie.
Aurélien Petiteau : Le partenariat commence à peine. Nul doute que les initiatives se multiplieront à mesure que Proxinnov se déploiera et que l’appétence pour les solutions robotiques se renforcera chez les acteurs de l’industrie.